l’écorce des chênes
griffe mon regard
et ta silhouette, hachurée
galvaudée par le jeu des ombres
se perd...
mais, entêtée entêtantes
les notes de la symphonie
continuent leur voyage
19.10.2013
l’écorce des chênes
griffe mon regard
et ta silhouette, hachurée
galvaudée par le jeu des ombres
se perd...
mais, entêtée entêtantes
les notes de la symphonie
continuent leur voyage
19.10.2013
Le petit train rouge traverse la campagne tranquille et file en direction de la ville. Les yeux tout juste décollés, j’appuie mon front contre la vitre froide et m’abandonne au chahut du trajet. Les rayons du soleil caressent les prés depuis peu et la lumière toute neuve confère au paysage une atmosphère à la fois vive et tranquille. Un voile de brume disperse son aura, qui s’entremêle aux sapins humides. Erables et frênes battent des feuilles sous la cajolerie d’un vent léger et offrent au contemplateur un frétillement visuel ravigotant.
Dans une semi-torpeur, l’âme mélancolique, je laisse ainsi le paysage qui défile satiner mon regard. La forêt s’ouvre tantôt sur une clairière. Quelques rayons dorés frémissent entre les branches et diffusent un éclat pailleté dont l’écho imprègne chaque perle de rosée et la clairière, embrasée, pétille. Un peu plus loin, c’est un chemin de gravier qui longe la voie ferrée, où un flâneur matinal salue d’un geste large les passagers léthargiques. A quelques mètres de lui, dans les hautes herbes, un petit chien noir apparaît, puis disparaît puis réapparait, dans une série de bonds joyeux. Je soupire d’aise et une buée épaisse me voile le paysage quelques instants. Un peu plus loin encore, là où la forêt s’ouvre sur une parcelle de pâturage, une dizaine de vaches s’éparpillent. La plupart des bovidés broutent sans prêter attention au convoi bruyant, mais une jolie brunette, qui mâchouille son déjeuner en nous regardant passer, semble me faire un clin d’œil complice.
Et au milieu de cette tribu flegmatique, une toute petite boule de poils roux, tapie dans les herbes, observe.
Le renardeau s’est-il perdu ? Attend-il sa mère, esseulé et inquiet ou, au contraire, a-t-il triomphé de la vigilance maternelle pour partir à la découverte du monde ? La vue de ce bébé canidé couché au milieu de toutes ces dames tranquilles m’émeut plus que je ne saurais le décrire et j’ai soudain envie de m’échapper de ce train. Je voudrais ne jamais rejoindre la ville, les rues encombrées, le brouhaha permanent, les odeurs âcres, les regards fuyants, le médecin, qui m’attend dans son cabinet trop petit trop froid trop silencieux et trop bruyant à la fois. Je veux dans mes oreilles la romance de la clairière qui s’éveille, la fugue du vent dans mes cheveux, le fredonnement des herbes qui dansent, le charivari des oiseaux qui n’en finissent pas de saluer la renaissance du jour. Je saute par la fenêtre close. Je déserte, abandonne sur la banquette mon corps inerte et évade mon âme dans le tableau des champs. Je rejoins le petit renard couché dans les graminées.
Je lui soufflerais « Que fais-tu ? » et il me répondrait « J’attends un Petit Prince »
30.08.2013
Foyards et sapins
franges d’épines et de ramées
entremêlés
chatouillent le bleu éther
Et se déploient dans l’espace au-dedans au-dehors
des rubans de rires
fins comme un frémissement
Bulles de son sautillent dans l’ormeau résonnent
roulent
jusqu’à l’âme, l’émerveillent
devant, le chemin disparaît dans l’ombre, petit filin d’Ariane
menant à l’évasion
Se lover
dans la béance des mots
Tout y est possible
Quelques fins foulards de brouillard
S’accrochent
Aux longs doigts tors des arbustes dénudés
L’eau vert de chrome
Qui rampe, tranquillement
Entre les herbes gelées
Réfléchit en mille aiguilles de jaune persan
Les quelques flèches d’orpiment
Que le soleil tire à travers le frima
Eclats de mire
Romance visuelle
Je marche à pas lents
Dans le vierge silence
Pour déguster chaque accord
Du crépitement des herbes, se fripant
Sous cette contemplative foulée
Et écoute résonner, dans l’éther de l’hiver
Ce frais froissement de brindilles gelées
Eclats d'ouïr
Romance spirituelle
Comme pour me punir de mon indécente
Invasion
La bise pince mes oreilles
De son bec de givre
Et picore mon visage
Eclats de rire, muet
Euphorire
Nuée d’ample heure, omniconscience
S’échappe d’entre les lèvres
De mon âme, alambique
De Beau de Vie
- 05.01.2011 -
Peindre entre les mots
Le contour des nuages
Colorer de vers et de proses
Les prairies dévastées
par les mercantiles
Caresser de sa plume
L’épiderme lactescent du papier
Tracer à l’encre passionnée
Décors d’âme et chants de fleurs
Versifier la Vie
Faire l’amour avec les mots
Pratiquer sans retenue
aucune
L’acte textuel
Poser les deux mains
Sur l’écorce du fruit Universel
Et l’écouter
A travers chaque pore Respirer
Sentir battre le chœur
De l’atemporalité
Laisser
À flanc d’un lisse silence
L’ongue de pierre Raconter
Son éther nitée*
* Cf: La Fontaine, fable IV, 22
Poétiser
Poser sur le papier
Des mots
A l'encre sauvage
Pour que naisse de leur Auréole
et d’entre les espaces
la Musique
Abandon du moi
Harmonie d’émois
Pour un dialogue
Entre les âmes
Dans l’aube, au dessus des nuages,
Une main indicible
Déverse sur la corde de l’horizon
Un chaudron de lave d’éther
Orange et flavescente
A l’Or que la lumière s’écoule et s’ambre
Sur l’édredon de nuages
Et que mille escarbilles d’air s’ébattent
Entre les ombres mortes
La paupière de la nuit
S’ouvre tout doucement
Déployant le regard blond du soleil
De sa pupille,
Qui éclate, éblouissant, étourdissant.
Le soleil levant
S’étend
Sur le duvet de la terre