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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 10:24

DélivrancepetiteLes vives paluches de l’air venu du large brassent l’odeur lourde du goémon qui sèche sur l’écueil

éparpillent sans complexe sur l’île l’ombre translucide d’arômes épais et âcres que la mer lâche sur les côtes. Elles déversent ses exhalations saumâtres jusqu’au tréfonds des cellules de l’air et l’écho

ou murmure le passé

étourdi l’âme

 

 

Mais l’air humide et salé

aussi

pose des baisers

sur mes joues d’enfant insoumise. Va, mésange ! Cours sur le fil de l’horizon suis le sillage des rêves faufile ta petite âme libellule parmi le grillage des doigts tors de l’amour

 

Et trouve ta terre

 

Va là où le vent passe sa main dans les cheveux

bataille la tignasse et la bruyère

fait chanter les corolles bigarrées, chorégraphie bruissonnante

éclate ses bouffées de rire qui résonne résonne résonnera dans l’haliotide

 

Chante à tue tête avec lui il distribuera ta voix aux quatre vents

    

Mais méfie-toi de la falaise, garde les Cieux ouverts

pour que la lumière

tempère

tes faux pas

 

 

30.04.2013

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 19:12

Dans le sombre de l’aube, j’écoute s’envoler, par la fenêtre ouverte de mon cœur chagrin, mes pensées silencieuses ; elles cherchent la lumière

 

Le vent s’est fait la malle et le papillon jaune qui dort sur la fougère ressemble à s’y méprendre à un brin de soleil

en fugue

 

 Les nuages sont bas, caressent le crêpons des arbres endormis

 

Croupissant au cachot d’un quotidien trop pâle

Impuissante aux malheurs, incapable de mieux

je respire le songe de m’évader soudain de cette vie trop brusque

de la prison d’épines

qu’est ma mélancolie  

 

Les gens autours de moi boivent aux coupes d’argent le vin noir que la vie leur distille chaque jour

 

Et moi je reste là, rêvant d’être là-haut

d’être là-bas, d’être plus loin


dans la forêt humide, à rire entre les arbres, à croire à leur mirages et à leur poésie


à coucher sur la mousse, à respirer la terre, manger des baies des bois et lamper le chagrin qu’un nuage amoureux pleurerait sur mes lèvres


à lire entre les lignes

les sillons d’avenir dessinées sur les feuilles


 

Dans le sombre de l’aube, je rêve à tout cela

et à bien plus encore

 

 

 

.

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 15:57

Tout au fond d’un grenier sombre, sous un ciel d’arantèles(1)

un vieux carton sommeille

 

Le temps l’a habillé d’un manteau de poussière et d’un voile de mystère

 

Coffret gonflé de mots griffonnés

histoires de vie ou de mort, euphonies et oxymores

qu’il voulait sans doute quitter

mais ne pas oublier 


Présent passé

 confié au futur composé

 

 


écrire2

 

1) Arantèle : voir la définition sur les scrabblerie de Gil

 

 

 

 


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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 17:14

BeFunky divers 019aL’être en frondaison

        branches

        se tendent

        s’étirent

        s’accrochent aux rais d’or

 

 

Pousses nouvelles

déchirent l’écorce

        avides

                        à lamper l’éther

 

 

Manger du soleil

frémir au chant des oiseaux

crier dans la nuit

courir dans la brume sauter dans les flaques toucher l’intouchable pleurer sous la pluie rire sous les regards

 

Et mourir de vivre

 

 

-

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 18:00

à Gilles Jobin

Gilles F. Jobin

 version audio :  

 

      ou sur www.littératureaudio.com

 

Écrire. Envie d’écrire, mais je ne sais pas quoi. Plus besoin qu’envie d’ailleurs peut-être… Alors j’empoigne mon stylo, je le retourne  comme s’il s’agissait d’un sablier. L’encre qui va inexorablement s’en écouler me fera-t-elle des histoires ?...

 

Cela bouillonne à l’intérieur, j’ai des choses à dire. Simplement, je ne sais pas lesquelles... J’ai des mots plein la tête, comme des gros nuages noirs remplissant le ciel, alors j’étends un parterre de feuilles vierges et voilà, j’en suis là. J’attends que le silence et la tranquillité de l’instant éventrent les nuages - le calme avant la tempête - que la pluie se déverse, que de chaque graine de flotte éclose un mot. Et que pousse l’histoire qui est partout à l’intérieur de moi mais que je ne connais pas encore.

 

Cela fait six mois que j’ai quitté mon appartement de célibataire, perché au sixième étage d’un immense immeuble déglingué

 

d’une ville

 

Ça paraît un peu dépouillée, « une ville » posée nue ainsi, simplement, entre les lignes. Et bien elle était comme ça cette ville ; dépouillée, rabougrie, vide d’espoir et de chaleur. Et l’amitié !?  N’en parlons même pas.

 

Je l’avais choisie pourtant, sans contrainte, comme terre d’asile, comme lieu d’exil. Fuir la campagne et ses fouines mesquines qui fourrent leur nez dans la moindre de vos petites affaires, qui lâchent dans votre dos toute la vermine qu’elles ont dans leurs fourrures graisseuses et qui par devant vous font des ronds de jambes en espérant s’en attirer le double en échange.

 

Je croyais qu’il n’y avait rien de pire qu’un ciel gris sur les ruelles désertes d’un village dortoir. Rien de pire que le soleil se cassant la figure et se râpant les rayons sur le gravier des cours d’école désaffectées. Rien de pire que le rire des pies fouillant le feuillage des platanes de la place du village et se moquant du dernier mohican local venant traîner sa barbe blanche sous l’ombrage à la recherche de quelque souvenir d’enfance. 

 

Je n’avais pas compris que ce qu’il n’y avait rien de pire, c’était en réalité ton départ, ton absence, inadmissible absence. Ton enlèvement, par la grande faucheuse, trois ans auparavant – déjà cinq ans maintenant ! Je n’avais pas compris que la mort, lors de sa visite, avait oublié sa toge et que c’est ce voile de ténèbres qui recouvrait depuis le village, et ma vie. 

 

Peut-être, si je l’avais compris, aurais-je pu crocher un des fils de sa robe, le tirer, tirer, et défaire à grands coups de patience la trame de cette tristesse. Peut-être alors me serais-je réconciliée avec l’endroit, avec les gens, avec la vie, peut-être serais-je restée, peut-être…

 

Oui mais voilà, je ne l’avais pas compris. Alors on rembobine le film des suppositions, on le range sur l’étagère de l’indéfiniment derrière soi et on reprend le fil de l’histoire, qui lui, n’est pas fait de peut-être mais d’être, à l’infinitif, au passé et au présent.

 

Me voilà donc, après avoir fui la campagne, après avoir fui la ville, après avoir fui la réalité et avec elle une bonne tranche de ma vie, me voilà donc maintenant, assise sous un olivier, enrubannée par la fragrance d’une lavande à l’apogée de sa croissance, à 750 kilomètres de tous ces souvenirs. La nature cymbalise à tue tête, le soleil me fait des clins d’œil et me chicane comme un gosse rieur entre le feuillage, et écrasées sous le poids de mes cinquante balais quelques touffes de broussaille tirent la langue dans la poussière d’ocre. Je me sens bien ; un bloc de papier sur les genoux, océan blanc tendu à toucher l’horizon, un stylo entre les dents, corsaire, je me sens prête à affronter les vagues de mots. Alors maintenant j’ai assez tourné autour du pot de moutarde, il faut que j’y plonge mon couteau. Moutarde, moutard, jolie opportunité de transition, mon inconscient me tend la perche… Moutarde. Cette gamine tendre et insouciante, ma gosse, qui m’a été raflée, soufflée, arrachée ! Une môme vit, une voiture passe, pfouitt ! Plus là la môme ! Fini. Bonjour madame on a quelque chose à vous annoncer.

 

Quand ils sont venus sonner à ma porte, ces gens que je connaissais et qui n’avaient rien à faire là, mon esprit surpris n’a pas compris mais mon corps a tout de suite reçu en pleine cellule la tragédie. Leur être tout entier transpirait l’horreur qu’ils venaient m’annoncer et avant même qu’ils n’aient prononcé un seul mot mes jambes ont flanché. Je n’ai jamais compris ce qui fait que mon corps ait ainsi su avec tant de clarté des choses pas encore dites et qui n’existaient pas encore dans ma conscience. Comme si les cellules de notre corps étaient autant d’oreilles bien plus fines que les deux coquillages plaqués de chaque côté de notre crâne. Comme si l’immense empathie que ces deux ambassadeurs de l’horreur portaient en eux était plus bruyante et plus explicite que tous les mots qu’ils me dirent ensuite, et que je n’arrivais pas à comprendre. ?? Qui a cassé sa voiture ? …

 

J’étais sonnée. J’avais mal au vide qu’on venait de me faire dans mon ventre, et qui avalait d’un coup, tout mon sang, toutes mes forces, hémorragie, ma vie jetée en trombe aspirée dans cette béance qui venait de se créer.

 

 On m’a peut-être portée jusque dans mon salon, allongée sur le canapé, ou peut-être dans ma chambre ?Je ne me souviens de rien, ma conscience venait d’être balayée par un coup de grisou. Je ne suis pas allée la voir dans son cercueil. On me l’a interdit-c’est-pour-ton-bien, c’est ma sœur qui est allée reconnaître la méconnaissance du corps de ma petite fille déchiquetée, à moi on ne m’a laissé que l’histoire, et mon imagination, et débrouille-toi avec ça ! Ai-je été à l’enterrement ? Oui, je suppose, car c’est ce qui se fait… Je n’ai pas touché à sa chambre, ses affaires d’école étalées sur le bureau, son ipod mis en charge et qui charge et charge encore semaine après semaine, sa collection de chouchous, pinces, barrettes, partout sur son lit parce que ce matin on sait pas quoi mettre alors on étale tout, on essaye tout, puis faut filer en vitesse parce qu’on est en retard. Ses habits sales cachés sous le lit, sous le bureau, derrière l’armoire, dans la moindre petite fente mais surtout pas dans le panier à linge sale, tout au plus une chaussette, une seule, jetée sur le couvercle. J’ai rien touché, c’est son espace, et quand elle reviendra elle n’aimera pas si je lui ai mis du désordre dans son désordre…  

 

Ils se sont bien rendu compte, qu’ils ne pouvaient plus me laisser seule dans cette maison, que je perdais la tête, que je n’agissais pas normalement et que je faisais tout comme si elle était encore là. Je préparais les repas pour deux, j’allais à la boucherie du coin acheter pour notre repas quatre fricandeaux parce que maintenant elle mange bien la gamine, elle grandit !  Je téléphonais à Mme Piscardi pour savoir si Celia n’était pas vers Emilie parce qu’il est déjà sept heures et qu’elle n’est pas encore rentrée, mais elle traîne où cette gamine ! Ils se sont bien rendu compte, alors ils sont venus me chercher un jour, ils m’ont dit qu’il fallait que je me repose et ils m’ont placée à l’hôpital.

 

Alors j’ai commencé à les détester.

 

Tout ces gens, là, baignant dans leur bonheur, arrogants, me gavant de leur gentillesse, me truffant de regards compatissants « alors Solange, tu reprends le dessus c’est si terrible comme choc ma pauvre » « Allez Solange, sors, viens au marché de Noël dimanche, ça te fera du bien » « Solange… nous aussi on l’aimait beaucoup ».

 

Taisez-vous ! Pourquoi vous cherchez à tuer mon enfant ! Assassins !

 

Crier crier crier à recouvrir le rire des anges

Déchirer le ciel à grands coups de griffe

Éventrer la panse céleste

Arracher les étoiles

une

à

une

 

te chercher               revient !

 

Sarcler l’éther

pour que renaisse

les graines de toi

 

Taisez-vous ! Elle est là, dans sa chambre, elle se repose parce qu’aujourd’hui elle a de la fièvre !

 

 

La terre continue de tourner pendant que je cogite tout cela et le soleil maintenant a fini de se couper aux petites lames-feuilles de mon olivier parasol. Il tend maintenant franchement ses rayons d’or par-dessous la jupe vert argent, c’est tout joli de richesses mais ça me mord les pieds et commencent de croquer franchement mes mollets.  Je me déplace un peu pour retrouver l’ombrage, et repose sur mes genoux mon carnet, immaculé mais néanmoins moucheté de marques translucides. Armée de mon stylo et bien déterminée à lui tordre le bout pour lui faire suer son encre s’il me faisait résistance, je pensais que ce serait lui  qui tacherait mon papier, mais c’est le bout de mon cœur que je viens de me tordre en faisant ressurgir le passé, et se sont mes larmes qui « motte » le plan désert blanc.

 

Ça me fait étrange de pleurer. Je pensais que cela me ferait plus de mal, une vague idée que l’on perdait quelque chose d’essentiel caché dans ces gouttelettes, liqueur de mortification. Mais qu’est-ce que j’imaginais ? Que c’est toute ma vie qui allait s’écouler, jusqu’à me noyer ? Que ça brûlerait mon visage, que ça le défigurerait, le transformerait en cicatrice géante, effrayante, permanente ?  La dernière fois que cela m’était arrivé je devais avoir… je ne sais pas, il y a longtemps j’ai bien dû en déverser des vagues d’émoi et des coulis de morves, comme toutes les petites filles, mais depuis « que je suis une grande  fille », tout cela a bien été fini. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Que léguais-je donc à mes larmes que je ne voulais pas lâcher ?... J’aurais dû suivre une thérapie avec un psy compétent qui m’aurait aidé à le découvrir, mais tous ceux qui ont tenté de se glisser dans ma tête durant mon séjour à l’hôpital psychiatrique étaient des espèces de gaillards hautains qui ne m’inspiraient que méfiance ou colère. Je les ai repoussés, j’ai avalé docilement tous mes antidépresseurs et j’ai toute seule, comme une grande idiote farouche, empoigné une petite cuillère et tout bien ramassé mon âme brisée, éclatée, mortifiée,  bazardé le tout pêle-mêle dans mon être et – souriez, le petit oiseau va sortir – au-revoir messieurs-dames ! Et je suis rentrée à la maison, car ma fille m’attendait et avait besoin de moi…

 

Je n’arrive pas encore à déterminer avec exactitude le degré de conscience que j’avais de la mort ou non de ma fille. Je me jouais la comédie, mais j’étais si bonne comédienne que je me leurrais à la perfection !  Avec tous ces gens qui gravitaient autour de moi, je faisais « comme si ». « Oui oui je vais au cimetière les dimanches changer ses fleurs » répondais-je avec une lassitude hautaine aux voisins plus suspicieux que les autres qui venaient me demander s’il m’arrivait souvent « de la voir ». Mais en mon for intérieur je riais de leur naïveté et je m’imaginais déjà racontant l’anecdote à  Celia dès que j’aurais franchi le seuil de notre foyer…

 

Parfois je faisais une incursion dans la réalité et c’était alors un tapis de cauchemar sur lequel s’étalaient les journées, comme de la mélasse sur un pain ranci. Les volets restent clos et je cherche désespérément dans les pièces tous les recoins où tu pourrais te cacher, et tous ceux où tu ne pourrais pas, dessous les meubles, à l’intérieur du panier à linge sale, dans les tiroirs de la cuisine, mais je suis folle qu'est-ce que je cherche !!?  Et la nuit dégouline sur moi et m’englue 

 

Nuit

                    d’insomnie, serpent de ténèbres se glisse entre le grillage de l’obscurité

                    nébulosités extérieures

                                                                        noircissures intérieurs

m’enveloppe m’envahit me bouffe me consume m’oppresse

un peu plus lourdement, un peu plus profondément, dans chaque cellule, à chaque inspiration.

Les images, film spectral de mes manques et de ma tristesse passe et repasse en boucle sur l’écran de mon désespoir.

Bruissement de mes larmes s’écroulant sur les draps, résonne dans le silence et  l’écho en déchire les parois de ma raison.

J’ai mal.

Béance.

Je m’y effondre.

Je voudrais pouvoir me relever et marcher, courir courir mourir plus vite encore, plus désespérément,  longer ce long couloir obscure, dérouler tout le fil de ma vie jusqu’à ce que plus rien de moi ne subsiste. Jusqu’à ce que cette mort qui bouffe mon ventre m’avale toute entière et qu’à nouveau nous soyons réunies…

 

Une brise glacée court sur ma peau, me retrousse chaque poil et j’ai soudain la chair de poule malgré l’écrasante chaleur de cette superbe journée d’été provençal. Me remémorer ces instants me glace d’effroi. Il faut du cran pour regarder la folie, ne pas prendre ses jambes à son cou devant celle des autres ; mais affronter la sienne en demande plus encore. Seulement,  j’en suis arrivée à ce point bascule où la souffrance, bouffie, entretenue sans retenue dans le secret de la négation, sustentée par elle, déborde de sa cage. Le quotidien se cloque de petites boursouflures qui éclatent sous la moindre caresse.  On ne peut indéfiniment l’éviter, un jour un visage, un regard, une présence, effleurent le cœur brisé rafistolé au mensonge et c’est la fissure. Petit lézard qui dort au soleil et qu’un geste – une seconde, une minute, un sourire - soudain réveille, et file le lézard et file sur le mur, petit pas léger comme un éclair. Et la brisure se crevasse et la crevasse recrache en paquet ce qu’on n’a pas digéré.

 

J’ai vécu trois années dans ce village ou les gens avec désolation disaient de moi « c’est si triste, depuis la mort de sa fille elle devient toquée » puis le temps passe, le laïus s’étiole, la clémente définition se résume, on dit « la toquée ».

 

C’est vrai pourtant que j’étais devenue toquée. Et franchement plutôt deux fois qu’une. Je parlais sans cesse à ma fille-fantôme, lui racontant mes journées et quand j’en avais fini avec elles je lui racontais ma vie, ma mère, mon père, le sien, le sien que j’avais fini par haïr ! Et je terminais alors les journées dans des marres de fange tant son mépris et son lâche départ me submergeaient de rancœur

 

Jeter un enfant dans une mère comme on crache une glaire

le balancer par-dessus corps puis s’évaporer

l'éjaculer hors de la mort, pour exister

le balancer par-dessus bord

puis l'oublier !!!

 

Avoir ainsi privé un enfant, mon enfant, de présence et d’amour paternel ! Je le détestais plus que tout autre lui, parce qu’il était le père, parce qu’il était celui qui m’avait rempli avec cette petite vie et maintenant il n’y a en moi plus que gros vide !

 

« Petite fille ne pleure pas je suis là, je suis là, et je serai forte pour deux ». Et je la déposais dans son lit-cocon, petite princesse aux grandes ailes de papillon qui rêvait d’espace et de liberté où batifoler. Je la couvrais de baiser, je lui racontais des histoires jusqu’à ce que ses yeux se ferment et même encore longtemps après. Et le matin se levait sur ma carcasse rabougrie en chien de fusil au pied de son lit… vide.

 

Parfois les jours de grand beau, je partais gambader dans les forêts odorantes et j’accrochais aux épines des sapins de longs rubans de chansons joyeuses et enfantines que j’entonnais à tue-tête avec ma Celia-fantôme et nous courrions nous courrions jusqu’à perdre notre chemin. J’étais à la fois fière et radieuse de cette extraordinaire complicité, de notre extraordinaire unicité…

 

Dans ce concert de bonheur pourtant quelque chose n’allait pas, le train train de la symphonie avait quelque chose qui déraillait, les violons grinçaient des notes absurdes ; dans mon esprit ravagé et mélancolique comme l’automne ma fille grandissait à l’envers. Plus les jours passaient et plus l’arbre des âges de mon enfant perdait des années.  Ainsi, j’achetais pour son Noël un élégant petit sac « girly » rempli d’accessoires pour jeune demoiselle, puis quelques semaines après, j’empaquetais pour son anniversaire un coquet coffret à bijoux Winx garni de mignonnes parures en perlettes colorées. A peine six mois plus tard, je lui offrais une dînette « Charlotte aux fraises » et je l’installais vers moi à la cuisine pendant que je préparais nos repas.

 

Quelque chose ne va pas dans cette maison, dans ce village, quelque chose ne va pas ! Mon enfant m’échappe, fond comme neige au soleil, l’image s’étiole, la brume envahi chaque pièce et gagne mon âme et je lutte, lutte, contre la mélancolie qui grignote l’illusion. Je m’égare et m’étouffe dans les plis des flétrissures de mon âme. Il faut que je sorte d’ici, quitte ce village,  fuie ces regards partout derrière mes fenêtres, ces voix assourdissantes et raisonnables qui veulent anéantir mon mirage et couper le fil de soie qui me retient à la vie.

 

Quelques semaines plus tard j’emménageais dans un vétuste 4 pièces perché au sixième étage d’un immense immeuble déglingué…

 

Sur mes genoux les pages indéfiniment blanches frissonnent sous la brise légère qui vient de se lever. Les mots qui se sont échappés de mon âme depuis deux bonnes heures maintenant n’ont percuté que l’éther. Je n’ai rien écrit et le brûlant besoin que j’avais de le faire depuis quelque jours semble pourtant assouvi.  Je me sens épuisée.

 

Le soleil a vaincu ma vigilance et sa morsure rougit douloureusement mes jambes jusqu’aux genoux. Il est temps que je regagne mon mas.

 

A Gilles F. Jobin

@2011-JB


Musique : Dvorak : Serenade for Strings Op. 22 — IV. Larghetto / The license information states that this file is "available for free download subject to the EFF OAL" (Open Audio License), which in turn is interchangeable with the CC-BY-SA-2.0.

 

 

 

 

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 10:54

   

      Chamboulement

 

À trop gratter l’écorce du ciel         des bleus sous les ongles

                 

À trop scruter l’horizon             des rayures dans les yeux

 

 

Entendre le silence                    partout         partout

                  à trop tendre l’oreille

 


 L’eau         des souvenirs que l’on presse

                   pour en tirer      une       dernière    goutte

Ruisselante          brûlante

Sur la peau retroussée

 

 

 

Au loin, un chant ;

   l  e       v  e  n   t

dans les chevelures pailletées d’or

des forêts                 de chênes           d'hêtres

                                                              ·٠•● ●•٠·˙˜”*°•. de charmes .•°*”˜˙·٠•● ●•٠·˙

peuple les insomnies

 

 

 

 

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 10:04

Insouciance.jpg

 

 

 

Suspendre dans l’éther

Quelques guirlandes de notes

     Ephémères

      

                 Fermer les yeux

 

Et célébrer la profondeur

                                    De la résonnance

 

 

 

 

 

 

 


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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 13:50

 Un chant d’oiseaumélange de générations

 Se faufile entre les aiguilles du temps

Un écho germe

Eclot  

 

Quelques larmes de soleil

S’allient à la sève, que pleurent

Les pives nouvelles des sapins

Parures  

 

Le vent caresse les branches

Et agite les ombres, qui dansent

Sur le layon voûté

 

Tout au dessous

Sous le heurt doux des pas

Frémit un monde, qui façonnent 

                              et grâçonnent

La toile secrète et dense

De la forêt

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 13:21

grain-temps.jpg

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 22:37

Tout au Ponant, ultimes lambeaux de terre arrachés aux côtes d’ouest, Ouessant. Éclat de roc cri de terre résiste et déchire l’océan et  tend sa pince comme pour mieux tenter d’attraper les vagues qui l’assaillent. Tout autour, la mer. Immensité si seule.


S’aventurer tout à l’ouest du Ponant dépasser Créac’h, Hercule en camisole de bagnard sentinelle des marins qui déchire la brume de hurlements sinistres et caverneux et casse la nuit d’un tempo d’éclairs puissants. Dépasser les ruines de la Villa des Tempêtes maltraitée tourmentée anéantie par les bourrasques violentes et les toupilles de brume qui dansent – et denses - ici comme nulle part ailleurs. « Qui voit Ouessant voit son sang ».


Au loin, Nividic se dresse, ultime avertissement pour les marins égarés. La mer y rage sur les écueils comme une désespérée. Désespoir d’une immensité si seule. Si seule. Perdue dans son amplitude isolée de n’être que flots mouvants inconsistance qui avale tout. Poser son pied sur elle elle l’englouti aussitôt. Caresser ses flots elle happe les doigts d'un éclair d'écume. Tout effleurement déchire son miroir et l'être coule s’évanoui disparait dans son néant. Si seule puissance factice impuissante à prendre la main qui se tend pour la sauver, incapable d’empêcher sa nature d’avaler l’être qui dresse son bras en appel puis sombre en ses abysses. Incapable de le porter, de le supporter tout au plus peut-être le rapporter, tout au plus capable par de grands soupirs de l’échouer sur une terre.


De ces soupirs la mer en a tant. D’incessants élans elle tente de caresser la terre mais s’écorche sur les roches rugueuses puis d’un reniflement bruyant se retire avant de tenter un nouvel assaut gonflé de rage avec comme identique puissance la haine que le désespoir sustente. Mais inexorablement la pierre la déchire la déchiquette l’expulse en de grandes gerbes de bave salines. Quelques restes de sanglots chatouillent doucement la peau rêche de l’écueil, parodie de caresses éphémères la terre dégoûtée la vomit par tous ses pores la recrache par toutes ses failles.


Tout au bout du bout du monde île Ouessant livre un combat singulier avec la mer sauvagerie de fauves sans barbarie juste la vie brute à son pinacle. 

 

« Qui voit Ouessant voit son sang »

 

 

Indompte.jpg

 


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Antre ciel ether :

L'ESPACE JEUX 

ou

LES SPASMES JE

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