Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 16:24


La nature l’entoure

Cocon de rêve, anthère

Les sapins, troubadours

Y poétisent en vert

    

Les collines, tout autour

En écrin de verdure

Lui lèguent un amour

Tout parfumé d’air pur

 

Les qualités des hommes

Sont celles de la terre

Qu’ils travaillent et façonnent

Comme avant eux, leurs pères

    

Ils sont rudes et costauds

Tempérament trempé

Ils sont tels leurs chevaux ;

Travailleurs acharnés

   

Attachés aux valeurs

Emportés, mais sincères

Ils cirent, trompant la peur

Puis s’en vont boire une bière

   

C’est mon coin de pays

Qu’on dit parfois « là-haut »

C’est pas le paradis

Mais c’est tout aussi beau…  

Grand merci à Josette Mercier, artiste peindre de "chez moi", dont cette peinture a inspiré ce poème (quelque part dans la page, elle m'a fait l'honneur d'y déposer mes quelques mots à côté de sa peinture)

 

Site de Josette Mercier

 


Partager cet article

Repost0
13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 19:25

 

Ne l’avez-vous jamais ressenti ? Il se passe parfois des choses étranges entre les êtres. Des choses que nulle raison n'explique, des choses que l'on ne peut que croire sur fait, que l'on doit se contenter de vivre, sans chercher à comprendre.

 

Je suis bouleversée. 

 

Bouleversée par une chose étrange, extraordinaire, que je vais vous conter, sans pudeur, dans des termes à la démesure de l'émoi ressenti, mais en respectant les faits, tels qu'ils ont été. Peut-être me prendrez-vous pour folle, peut-être passerez-vous votre chemin, braves gens, un sourire aux lèvres devant cette naïve « fillotte » racontant des chimères. Peut m'importe au fond car, si je ressens un peu, il faut bien l'avouer, le désir de vous apporter quelques instants d'émerveillement avec cette histoire, son souvenir à lui seul suffit à combler mon âme de chaleur. 

 

Je vous parle d'une histoire survenue il y a quelque temps déjà, mais dont, hier, un visage et un regard ont ravivé le souvenir. Ce visage, tout d'abord ; il faut que je vous parle de lui, avant de retracer mon aventure. C'était donc hier soir. Lors d'une petite fête régionale, je passais un agréable moment en compagnie des invités présents, lorsque mon regard fut attiré par un musicien qui pianotait gaiement sur son accordéon, agrémentant ainsi notre petite soirée de notes légères et gaies. Cet homme, superbe, grisonnant, une moustache parfaitement coupée cha-peautant un sourire doux et sincère, s'animait au rythme de ses notes, nous offrant un divertissement joyeux et agréable. Mon regard fut dès lors attiré sans relâche par ce visage et ma volonté seule ne sut m'apporter la convenance qui doit retenir toute femme bien élevée de dévisager aussi indécemment  un homme…

 

Certes, il était beau, séduisant… mais il y avait autre chose. Quelque chose de puissant, qui remuait mes tripes. Quel-que chose qui, sans raison, me bouleversait profondément. Les heures s'égrainaient et le musicien  charmait mon être, non pas de ses notes, mais de sa présence, de sa prestance… j'aime-rais dire - de son aura.

 

En fin de soirée, l'âme à bout de souffle, je me penchai alors vers mon mari et lui dit :

 

-    Cet homme… il me trouble. Il est très bel homme, mais… autre chose encore. Tu le connais ?

 

J'ai pour habitude de partager avec mon mari les émotions les plus diverses qui animent mon être, parfois trop sensible… Aussi ne fut-il pas le moins du monde consterné par ma confidence. Cette fois, pourtant, je vis un léger brouillard émouvoir son regard et c'est d'une voix  incroyablement douce qu'il me répondit :

 

-    C'est le vétérinaire du village d'à côté... tu sais, le vétérinaire… le père de…

 

Alors tout s'éclaira. Mes yeux à leur tour s'embuèrent.

 

-    Le père de… Oui… dis-je, sans prononcer son nom, comme pour le garder précieusement intact et ne pas l'éclater dans la banalité d'un son. Oui… Tu te souviens ?

 

Oui, bien sûr, il se souvenait. Il se souvenait de ce soir-là. Et moi aussi, je me rappelais. Je me laissai alors saisir par le souvenir de ce soir étrange. C'était il y a un peu plus de trois ans.

 

C'était un jeudi. L'obscurité enlaçait déjà le paysage que je regardais défiler, bien calée sur la banquette du train. Elle était là, assise dans le wagon, anonyme au milieu de tant d'autres, quelqu'un parmi tout le monde... Mes yeux se posaient sur elle, sans cesse. Elle était si jolie… Non, « jolie » n'était pas le mot, elle était… quels étaient donc les mots ?!! Alors que je l'admirais, elle plongea son regard dans le mien et là, je vis.

 

Je vis toute la Vie que peut contenir l’éternité d’une seconde, comme une force incroyable qui m'investit, puis m’absorba et durant l’instant d’une éternité je ne m’appartins plus.

 

Un Ange

 

Voilà. Elle n'était pas "jolie" ; elle était… un Ange. C'est la seule chose que j’ai pu penser, lorsque nos regards se désunirent.

 

Un Ange.

 

Puis je rentrai chez moi. Un Ange. Cette pensée ne me quittait pas. Son éclat et l'immense calme qui se dégageait d'elle me retenaient dans une espèce de léthargie, dans un espace indicible. Ce soir-là, à peine avais-je franchi la porte de la maison que j’avais interpellé mon mari.

 

-    Tu sais,  lui dis-je d'une voix libre et encore rêveuse, ce soir, j'ai vu un Ange…

 

Il m'avait juste souri en m'embrassant ; il a l'habitude de mes bizarreries, de mes fantaisies, de mes frasques extrêmes… alors j'avais précisé :

 

-    Cette fille, c'est étrange, c'était un Ange, c'est comme si elle me l'avait dit, dans un accord de regards…

 

Et sous son écoute attentive, je lui parlai d'elle encore, et encore, car elle me troublait tant.

 

Ce soir-là, je m’étais endormie bercée de ce regard. Le week-end s’était passé. Comme un autre. Puis le lundi suivant, je rencontrai une amie. Alors que nous échangions les dernières nouvelles, elle me demanda :

 

-    Dis au fait, tu connaissais la fille du vétérinaire du village d'à côté ?

 

-    Non, lui avais-je répondu après avoir fouillé ma mémoire.

 

-    C'est terrible, avait continué mon amie. Elle s'est suicidée jeudi passé, dans la nuit…

 

Les secondes alors s’arrêtèrent. Tout se mit en place dans ma tête, mon esprit reconstruisait l'histoire avec précision.

 

- Je ne la connaissais pas. Non, je ne la connaissais pas mais je sais qui elle était quand même.

 

J’étais sure que c’était Elle… si sure…

 

Je me suis mise alors en quête d'une photographie de cette jeune fille décédée, mais je savais, avec cette certitude que rien ne peut démonter, que c'était Elle.

 

Ce jeudi soir dans le train, cette fille savait qu'elle allait mourir et elle n'avait plus peur. Après avoir parlé à mon âme, après avoir décroché ses yeux des miens, elle est rentrée chez elle, a tout préparé : écrit une lettre à sa maman, pour lui demander pardon, une pour sa meilleure amie, pour lui dire qu’elle ne souffrirait plus, une autre pour son frère, pour lui dire qu’elle l’aimait. Elle s'est maquillée, a passé sa plus belle robe, a préparé méthodiquement deux perfusions mortelles avec les produits de son père, en a déposé une, de rechange, sur sa table de chevet, s'est allongée dans son lit, puis s'est enfoncée la seconde perfusion dans le bras…

 

Elle est partie, doucement, calmement, avec une détermination effrayante…

 

Où es-tu maintenant l'Ange ? Ton corps s'est fondu dans cette terre qui t'as nourrie… mais ton esprit ? Ce souffle qui a circulé entre toi et le monde durant ta vie, l'Univers s'en est-il imbibé ?

 

Aurais-je pu te retenir, si j’avais su comprendre ?

 

Qui sommes-nous ?

 

Ce regard ne me quittera jamais plus…

 

J'ai vu un Ange. Et, hier soir, elle était un peu dans les yeux de son père…

Partager cet article

Repost0
12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 19:18

C’était une femme fraîche, énergique, simple et sensible. Attachée aux valeurs, elle partageait ses qualités et offrait sa disponibilité, s’engageant dans de multiples activités au village.


Et puis, un jour, un mal étrange a rogné ses années : Alzheimer, semaine après semaine, lui arrachant pétale après pétale, lui a dénudé l’âme, et la voici bientôt redevenue comme une toute petite enfant, fragile et capricieuse.


Un jour, il n’y a pas si longtemps, je la croisai au village alors qu’elle déambulait sous la pluie fine et gelée de février, petite dame-enfant égarée dans le froid, la veste ouverte, grelottant. Alors que j’arrivai à sa hauteur, je m’arrêtai.


-    Rose, vous allez avoir froid. Il faut fermer votre veste.

-    Èquehupeumédéaharocher, me souffla-t-elle, d’un air si triste que j’en eus les larmes aux yeux.


Je ne compris rien à sa supplique, et me sentis douloureusement impuissante. Je m’approchai un peu plus d’elle.


-    Qu’est-ce que je peux faire pour vous, Rose, dites-moi ?

-    Èque hu peu médé a arocher ! Arrif pas !! me répéta-t-elle, désemparée, d’un ton saccadé, saccagé, en agitant les pans de sa veste.


Je compris enfin qu’elle me demandait de l’aider à fermer sa veste.


Doucement, je lui montai sa fermeture Eclair. J’avais tant envie de lui caresser la joue… mais n’osai pas. Ce jour-là, je l’aurais prise dans mes bras, tellement sa fragilité et sa maladie me touchaient.


Puis vint le jour où on ne la vit plus au village. C’était il n’y a pas si longtemps, quelques semaines ont passé depuis. On l’avait emmenée quelque part où on ne la laisserait plus sortir seule dans le froid, la veste ouverte…


Je sais qu’on prit soin d’elle, le personnel médical n’est pas toujours aussi inhumain qu’on le décrit parfois.


La maladie l'a vite…- j’aimerais dire : « heureusement », en a-t-on le droit ? - la maladie l’a bien vite rongée et, hier, elle s’est éteinte. La petite Rose a perdu tous ses pétales.


Elle n’avait que soixante cinq ans. Elle n’avait que soixante cinq ans !


Au revoir Rose...d'Or....

Partager cet article

Repost0
15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 18:15

Christian regarde le visage qui se reflète dans la glace et ne le reconnaît pas. Est-ce son esprit qui, emmuré, n'a jamais vu l'homme, ou est-ce l'homme qui, prisonnier des ténèbres, n'a jamais eu aucune image à refléter ?

 

Il n'arrive pas à décoller son être de dessous la semelle du Créateur. Il n'existe qu'au travers de chacun des pas d'un Dieu imaginaire, qui habite chaque Autre.

 

Christian est un être qui n'existe pas, une créature qui se confond avec le décor. Tel un caméléon, il se modèle aux couleurs de son entourage. Il se façonne aux contours du regard de l'autre. C'est un être perdu, dans un espace qui se situe entre les diverses dimensions du monde. Il n'a pas appris à être, il n'a pas appris à avoir. Simplement, il ne sait pas.

 

Le monde est un morceau de glace, dans laquelle son esprit ne se reflète pas mais se gèle et se fige. Un être qui n'a grandi que de corps, mais qui, paralysé à l'intérieur, est resté comme cet enfant, qui prend le monde pour un miroir et mime gestes et paroles, à la différence que lui ne s'y apprend pas, ne s'y reconnaît point. Simplement, il ne se voit pas.

 

Il laisse tout aux autres, non en un abandon résigné, mais parce qu'en son trouble c'est ainsi qu'il a appris à se donner à lui-même. Un "je" qui devient le tien, celui du patron, celui de l’ami ; un "je" qui n'existe pas sans support.

 

Lorsque la lumière s'éteint, élément désormais inutile dans le décor épuré d'acteurs, son "je" stupéfait ne sait plus où aller, il ne sait plus qui être.

 

La force d'existence qui l'anime est étouffée par ce sentiment, cet émoi sournois, qui rompt son être d'avec lui-même et l'annule, la rend caduque. 

 

Pourtant, le grand malheur de Christian n'est pas cette absence d'existence en elle-même, mais la conscience ardente et anéantissante de cette anexistence.

 

Et, comme pour les marées, la force en lui s'enfle selon le cycle des saisons et, parfois, une vague plus puissante l'envahit, roule jusqu'à l'orée du désir, touche du bout du doigt ce paysage inconnu, ce "je" dont les côtes se découpent dans le clair-obscur d'une lumière lunaire.

 

Dans ces marées d'équinoxe, Christian se dessèche, ou se noie.

 

Seul dans la salle de bain, il regarde le visage qui se reflète dans la vague de la glace, et ne le reconnaît pas mais, dans la lumière artificielle qui éclaire la petite pièce, il sent soudain monter en lui l'envie qu'il soit le sien…

Partager cet article

Repost0
30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 13:54

Strasbourg, le 21 mars 2008. Confortablement installée sur une péniche arrimée en bordure du Rhin et transformée en une petite taverne sympathique, je sirote un Kir à la pêche qui distille en mes veines ses bulles enivrantes, me grisant légèrement l'esprit sans pour autant l'endormir. Endolorie de bien-être, je laisse mon regard patiner sur le miroir de l'eau en compagnie des cygnes qui se font la cour en ce début de printemps. Les quelques mâles miment, de leurs blanches ailes de grands cœurs sensés séduire la femelle, qui se détourne alors dédaigneusement, offrant son croupion en signe de défit. Les mâles, redoublant de prestance, se pavanent de plus belle, courbant le cou en leurre de soumission.

 

Ce ballet dure quelques minutes puis, soudain, réagissant à je ne sais quel signal, les mâles se détournent subite-ment et, d'un seul élan, cassent le groupe en s'éjectant en étoile, filant sur l'eau à une vitesse impressionnante. La femelle conquise s'accroche au sillage de son élu et les voilà qui s'échappent  au loin pour terminer à deux cette parade nuptiale.

 

Je souris avec compatissance en regardant les vaincus poursuivre leur errance dans la douceur du courant. 

 

Un soleil timide peine à percer la dense toison de coton qui le voile mais parfois, dans un cri silencieux de lumière, quelques larmes ambrées ruissellent des cieux, et je les regarde sautiller compul-sivement sur la surface de l'eau, telles des petites lucioles de vers cherchant désespérément à vaincre l'éphémère de leur poésie.

 

Je me sens bienheureuse dans cet endroit tranquille et l'atmosphère douce et calme engendre quelques vapeurs d'essence poétique propices à liquéfier les âmes, à les rendre "âmoureuses". Le temps s'ouvre et, dans cette béance, le cœur se vide de toute contrariété, de toute peine et de tout malaise. Ne reste alors en soi que la liberté d'aimer l'instant.

 

Et mon cœur ainsi aimant s'accroche soudain au magnétisme de l'homme assis à quelques souffles de moi, si proche, et pourtant si lointain.

 

Oui, si lointain, car son âme rêveuse s'est évadée dans ces contrées retirées de l'être, là où toute chose fusionne avec l'infini et où la chair et le sang évaporés ne conservent, en essence, que la mémoire des sens. Un endroit divin, où tout devient un, où l'on n'existe plus qu'à travers le vent qui nous emporte.

 

Il est assis ici et ailleurs en même temps, le corps lâché dans son fauteuil d'osier et l'esprit éthéré ondulant entre les mailles du temps. Et moi, je le regarde, je l'admire, je le respire.

 

Parfois, parce que l'âme, ni ingrate ni oublieuse, même envoûtée dans la béatitude la plus totale, se souvient toujours du corps qui lui apprend les sens, comme pour partager l'ineffable beauté de son voyage, trace sur son visage quelques ondes, délicieuses à capter pour l'observatrice que je suis. Et je reste là, des minutes entières, à admirer cet homme qui poétise en silence. J’aimerais pouvoir partir avec lui, m'envoler à ses côtés, découvrir et respirer cet indicible éclat qui lui donne cet air si purement béat. Mais il est si réjouissant à regarder que, restée là, cachée dans le silence, je me délecte de son image et me console ainsi de n'avoir plus, depuis quelque temps, assez « d’hors » à mes ailes pour m'évader aux Cieux des songeries.

 

De temps à autre, un jet plus puissant de bonté repousse son âme dans son corps. Alors, l'homme plonge la main dans la poche du blazer déposé sur le dossier de son fauteuil, s'empare d'une plume et d'un petit carnet de notes et trace sur la blancheur du papier le linéament des beautés que, peut-être - qui sait ? - il partagera à travers quelques textes ou poèmes. Puis minutieusement, précieusement, il repose le capuchon sur sa plume et la replace, avec le petit calepin, dans l'écrin de cuir de son veston, avant de repartir dans son univers coruscant.

 

Et le temps se file et s'étire et en mon âme se tissent les toiles de soie d'instants célestes que je m'imagine déjà vous décrire. Mais il est temps pour moi d'abandonner cet antre. Je dispose sur la table quelques pièces d’argent en acquittement de ma note. Leur cliquetis ne réveille pas mon rêveur, pas plus que l'effroyable bruit du siège raclant le plancher dès l'instant où je le pousse pour m'en extraire. Le Beau, dans son œuvre de narcotique, garde prisonnière l'âme du contemplatif et rien ne l'arrache à sa béatitude.

 

Je m'en vais le long des quais, rassasiée de ces douces heures alors qu'au loin un cygne, lauréat d'une Belle, compose sa descendance.

Partager cet article

Repost0

Antre ciel ether :

L'ESPACE JEUX 

ou

LES SPASMES JE

________________________

 

Retour à l'accueil

 

Licence Creative Commons