Un chant d’oiseau
Se faufile entre les aiguilles du temps
Un écho germe
Eclot
Quelques larmes de soleil
S’allient à la sève, que pleurent
Les pives nouvelles des sapins
Parures
Le vent caresse les branches
Et agite les ombres, qui dansent
Sur le layon voûté
Tout au dessous
Sous le heurt doux des pas
Frémit un monde, qui façonnent
et grâçonnent
La toile secrète et dense
De la forêt
Mon dernier enregistrement :
Aldjia, la femme divisée, texte rude et puissant, est un des huit monologues qu'a écrit Jacques Probst. L’histoire est tirée de l’Ancien Testament, du récit d’une femme violée dans la ville de Guibaa par une bande de vauriens, ne laissant derrière eux que son cadavre, puis découpé par son mari en douze morceaux. La Bible la laisse sans nom, sans une parole. « Je la nommerais Aldjia, mon monologue serait sa parole… » C’est ainsi que Jacques Probst introduit ce texte, l’un de ses plus forts et plus émouvants.
vous pouvez dès aujourd'hui écouter Aldjia en cliquant sur l'image
ou en allant sur le site www.litteratureaudio.com.
Avec l’aimable autorisation de Jacques Probst et des éditions Bernard Campiche Éditeur, que je remercie au passage! Un grand merci également à mon précieux ami Luca Cerullo, saxophoniste, pour l’accompagnement musical.
Sillon d'existence
ou l'histoire de "m'îles personnages"
Meine Augen sind kaput
Parmi les toits de la ville qui découpent l’horizon en une broderie irrégulière, l’alêne rayée d’une des grandes industries chimiques de la place perce le cuir nuageux. Depuis trois jours, cette cheminée en chemise rayée est mon horloge futile. Comme le sable fuyant d’un bulbe à l’autre du sablier, la fumée parfaitement blanche coule dans le ciel, mélangeant sa vapeur aux nuées épaisses qui flottent sur la ville et ainsi, volutueuse et flegmatique, rythme l’éternité de mes journées.
Nous sommes six dans cette grande chambre d’hôpital et je suis la seule à parler français, aussi il m’est bien facile d’économiser ma salive et cela laisse à mon esprit tout le loisir d’observer les choses sur lesquelles le temps s’éparpille doucement.
Mon attention a toutefois une préférence pour ma voisine de droite, une très vieille dame au visage tout chiffonné. La vieillesse, et sans doute la maladie aussi, lui ont joué un sale tour et fait fondre son corps de femme et maintenant ses os et sa chair nagent dans une peau bien trop grande pour elle. Depuis combien de temps est-elle ici ? Elle est si discrète et paraît si éternellement absente qu’elle semble paradoxalement incorporée aux murs de la chambre. Comme si l’hôpital tout entier avait déjà avalé son âme est s’occupait maintenant de digérer lentement son corps. Sortira-t-elle d’ici ?...
Personne encore n’est venu la voir et ses seules visites sont les infirmières qui viennent chaque matin laver son corps et refaire son lit de petits gestes tendres, et, chaque matin et chaque soir aussi, poser sur sa langue des cachets roses, jaunâtres, blancs, des ronds, puis des ovales, puis de nouveau des ronds, qu’elle avale, l’un après l’autre, sans grimacer.
Personne ne l’appelle non plus et le téléphone dors tristement sur la petite table de nuit toute vide, ou presque ; il y a aussi un livre. Un seul livre que depuis trois jours, après chaque repas du midi, elle prend entre ses mains d’une façon toute respectueuse, comme une fragile relique. Inlassablement, sitôt son tout petit repas picoré, elle se noie confortablement dans son gros oreiller, ramène ses genoux vers elle et prend son livre, l’ouvre consciencieusement, toujours à la même page, à l’endroit où l’attend un joli marque page rose en forme de cœur moucheté d’une multitude d’autres petits cœurs blancs, un tout mignon petit marque page d’adolescente dans son bouquin tout vieux tout écorné. Elle laisse bien tranquillement le marque page en place et contemple de longues minutes les signes éparpillés sur l’étendue du papier tan puis relève la tête lentement, tout lentement comme au ralenti, juste un petit mouvement calme, léthargique, et alors seulement lorsque sa tête est tout à fait droite, elle décolle ses yeux de la page et les envoient caresser, à travers la fenêtre en face d’elle, les toits qui dentellent le coton du ciel.
Elle reste ainsi de longues, longues minutes, qui s’étirent en heures, puis en après-midi. Elle reste ainsi, presque parfaitement immobile, pose sur toutes les choses un regard rempli d’absence.
Puis quand le soir entame la trop rapide extinction du ciel d’hiver, prévenant l‘imminence du repas du soir, elle baisse en un parfait accord le regard et la tête sur son livre, puis d’un geste lent le referme, se tourne vers moi (pourquoi vers moi ? sent-elle mon regard si souvent sur elle ?) et me dit d’une voix chevrotante « Meine Augen sind kaput » - mes yeux sont fichus - . Et dans ses yeux alors, d’un bleu très trouble, s’amoncelle un paquet de larmes. Et quand le paquet devient trop gros il se déchire et dégouline doucement sur ses joues, larmes se traînant dans le lit sinueux des rides profondes de son visage de très vieille femme. Je remplis alors mes yeux de toute la compassion que je possède et lui souris et elle me sourit à son tour, magnifique mouvement de vie qui anime enfin cette aïeule.
Puis elle referme son bouquin et ses petits hublots tout fichus et attend. Elle attend que le personnel lui apporte son repas du soir, elle attend les quelques mots que l’employée lui dira avec gentillesse, les savourera peut-être bien plus que la quelconque nourriture éparpillé dans son assiette.
Demain, je lui sourirai plus encore.
@JB
Transports publics - deux blogs en un
un petit coffret plein de trésors
pour tous ceux qui prennent le train, et pour les autres aussi d'ailleurs
Partage, la toute nouvelle catégorie de mes coups de coeur
Jacques Probst, né en 1951, est un auteur dramatique, metteur en scène et comédien suisse. Sa plume est musclée, encrée à même la chair et le sang, et « Aldjia, la femme divisée », texte rude et puissant, est un des huit monologues qu’il a écrit. L’histoire est tirée de l’Ancien Testament, du récit d’une femme violée dans la ville de Guibaa par une bande de vauriens, ne laissant derrière eux que son cadavre, puis découpé par son mari en douze morceaux. La Bible la laisse sans nom, sans une parole. « Je la nommerais Aldjia, mon monologue serait sa parole… » C’est ainsi que Jacques Probst introduit l’un de ses textes les plus forts et les plus émouvants.
J'ai eu l'immense plaisir d'enregistrer Aldjia pour le site www.litteratureaudio.com.
Avec l’aimable autorisation de Jacques Probst et des éditions Bernard Campiche Éditeur, que je remercie au passage! Un grand merci également à mon précieux ami Luca Cerullo, saxophoniste, pour l’accompagnement musical.
L'audio-texte parraîtra en ligne lundi 18 juillet
A bientôt donc! Mais en attendant, vous pouvez découvrir Jacques Probst ici
Parfois, la nuit, l’insomnie me pince de partout et rester au lit devient un calvaire. Mais rien de comparable aux nuits d’huile d’il y a… avant…
Avant
quand mes nuits se peuplaient de violentes angoisses, quand l’infini de l’obscurité amplifiait l’écho des craquements de mes os et le déchirement de mon âme, que la rage me poussait de toutes ses forces à mourir et que je m’épuisais à lui résister
c’était avant.
Avant que je ne fasse ma « reconnaissance ».
C’était il y a…
Je me rappelle, comme si c’était hier.
...
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(texte en format .WWF comptatible .PDF)
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Matinée de neige est la nouvelle de présentation du recueil
L’âme du pays de Georges Riat, écrivain français, dont la date de
naissance est incertaine (entre 1865 et 1871, trouve-t-on
sur internet) et décédé en 1905.
Amoureux des choses et de la nature, il nous raconte
à travers de courtes histoires villageoises remplies de poésie,
de tendresse et d’humour, l’âme francomtoise.
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