Sabrina court. Elle longe les chemins de sa mémoire pour retrouver les pierres qu’elle a, dans sa misère, laissées rouler, laissées choir. Sabrina pleure, dans le silence du soir, l’impossible retour en arrière. Les regrets pourtant la mèneront en enfer, elle le sait, mais que faire ? Elle a brisé le miroir et ne reconnait plus le devant du derrière, le "demain" du "hier". Il y a bien une musique, qui parfois l’oriente, mais qui souvent aussi, lorsqu’elle pénètre le vide de son cœur, résonne, résonne, et l’écho délétère la déboussole, la perd.
Elle irait chercher l’hors dans la rivière de nuages
qui court
dans l’étendue du ciel
Elle irait plonger dans le silence des mondes pélagiques
pour chercher le son des bulles d’air
qui éclatent
et libèrent l’être
de ses rêves inaccessibles
Elle irait chercher, sur les routes
le vent qui
efface les marques empreintes dans la poussière
gonfle les voiles
et pousse la barque vers l’avenir
Elle irait faire tout cela si elle savait
où s’évadent les nuages
où repose la mer
où s’ouvrent les routes
Mais elle a oublié, croit-elle...
Sabrina court, elle ne sait pas bien où, en avant en arrière elle n’a plus de repère mais l’ombre du désert pâlit sous la lumière du sourire que naguère tu lui glissas - repère - entre deux pages ouvertes.
20.11.2013